Naturopathie & Olfactologie

publié le jeudi 17 avril 2025
ISUPNAT - Pictogramme Point bleu
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Dans la famille de nos 5 sens, l’odorat est un des plus discrets. Étroitement lié à nos émotions, mature dès la naissance, l’olfactologie s’avère être un sens beaucoup plus subtil et complexe qu’il n’y paraît. Alors, comment cela se passe ?

L’odorat, un sens à part

C’est un de nos sens les moins connus qui a commencé à dévoiler ses mystères seulement dans les années 1990, lorsque les chercheurs se sont intéressés à son fonctionnement d’un peu plus près, et il reste encore beaucoup à découvrir.

Cet intérêt tardif s’explique en partie par notre relation ambiguë avec ce sens. L’odorat a, en effet, été dénigré pendant longtemps par la société car associé à l’animal, à notre strate la plus primaire, à l’instinct. C’est d’ailleurs un des premiers sens actifs à la naissance qui relie le bébé à sa mère. De l’autre côté, les odeurs peuvent aussi nous relier au divin, comme celle de l’encens ou de la rose, selon les cultures.

Difficile à appréhender

De plus, l’odeur est une émanation très subtile qui ne se laisse pas approcher facilement. Outre son interprétation, très variable d’une personne à l’autre, nous ne pouvons pas faire revenir une odeur, comme c’est le cas pour une image ou un son.

Et d’un point de vue chimique, les odeurs préservent aussi leur part de mystère. Il n’existe pas de totale concordance entre la structure chimique de la molécule et l’odeur qu’elle dégage. Deux formes similaires peuvent générer des odeurs différentes et vice versa, ce qui, évidemment, complique le travail des chercheurs et explique la difficulté qu’ils ont à établir un « lexique » international.

 

Des prédispositions physiologiques

Et pourtant, au niveau de notre constitution, nos gènes olfactifs représentent pas loin de 2% de notre génome global, ce qui en fait, quand même, la 2e famille de gènes la plus importante, juste après celle du système immunitaire. Nous possédons 1000 gènes, soit 200 de plus que le chien. Mais, « la fonction créant l’organe », comme ce sens a été peu sollicité, il s’est progressivement atrophié et, aujourd’hui, à peine un tiers de ces gènes sont réellement actifs. Voyons comment ils fonctionnent.

 

La route des odeurs

La molécule odorante parcourt un long chemin avant que nous puissions la ressentir consciemment. Ce parcours peut se schématiser en 2 grandes étapes, le nez qui capture la molécule chimique qui est, ensuite, transcoder en influx nerveux pour que le cerveau et plus précisément, le système limbique, prenne le relai et nous permette de qualifier cette odeur.

 

Dans les narines

Lorsqu’une odeur pénètre dans nos narines, celle-ci est captée par l’épithélium olfactif qui recouvre la cavité nasale supérieure. Il est composé de neurones, pourvus chacun, à une de leurs extrémités, de nombreux cils, baignant dans le mucus et qui interceptent les molécules odorantes grâce à leurs récepteurs olfactifs (RO).

Ces récepteurs sont eux-mêmes associés à des protéines de transport pour déplacer les molécules odorantes dans le mucus. Ces protéines semblent avoir bien d’autres fonctions qui font encore l’objet de recherches.

Un neurone olfactif ne possède qu’un seul type de récepteur, mais il est réactif à plusieurs molécules odorantes, à différents degrés. Car, les récepteurs sont composés d’une multitude d’acides aminés et il suffit qu’un seul diffère, pour que la perception de la molécule odorante change entre 2 récepteurs semblables. Ainsi, un récepteur aura des affinités plus ou moins fortes avec certaines particules. Et pour complexifier un peu plus les choses, une même molécule peut activer différents récepteurs.

 

Dans le cerveau

Lorsque la molécule est interceptée, le message chimique est transformé en influx nerveux au niveau du bulbe olfactif, présent dans chaque hémisphère du cerveau. Puis, il atteint le système limbique et ses différentes régions, telles que l’amygdale et le noyau septal, tous 2 associés aux émotions. Le message olfactif va aussi passer par l’hippocampe, siège de notre mémoire à long terme, et par l’hypothalamus, le chef d’orchestre de notre système neuroendocrinien. Une fois ce cheminement fait, l’odeur pourra être qualifiée par notre cerveau.

Ce passage à travers le système limbique explique pourquoi les odeurs, bien plus encore que les images ou les sons, sont étroitement liées aux émotions et à la mémoire et cela nous laisse percevoir l’importance de ce sens oublié.

 

Un sens a plusieurs facettes

Il participe à notre identité individuelle

Chacun d’entre nous a sa propre odeur, même si nous ne la percevons pas forcément. Celle-ci peut évoluer suivant ce que nous mangeons ou de notre état d’esprit. C’est ainsi que certaines émotions fortes, comme la peur, génèrent une odeur particulière. Une pathologie influe aussi sur notre odeur et il existe aujourd’hui des chiens dressés pour sentir celle du cancer.

Et culturelle

La perception des odeurs et la place qui leur sont laissées au sein de l’espace public est très différentes d’une culture à l’autre. Chaque société définit, plus ou moins consciemment, ce qu’elle considère être une odeur acceptable ou non et cela va également avoir un impact sur l’organisation sociale.

Ainsi, sans en avoir conscience, les odeurs nous relient les uns aux autres. D’ailleurs, lorsque l’odorat d’une personne est altéré, celle-ci peut facilement se  renfermer sur elle-même.

Il œuvre à notre sécurité

S’il est vrai que dans nos sociétés, l’odorat n’est pas le sens auquel nous pensons lorsqu’il s’agit de notre sécurité, son rôle n’est pas à négliger pour autant. Il peut nous éviter quelques dangers, notamment en nous permettant de détecter des odeurs toxiques, de brûlé ou un potentiel aliment avarié.

L’odorat et le goût

Le goût d’un aliment se définit certes par sa texture et la vue, mais aussi et surtout par l’odeur qu’il dégage. Celle-ci sera identifiée, ou non, par notre mémoire et, en fonction des émotions qui y sont attachées, nous apprécierons plus ou moins l’aliment. C’est pourquoi, lorsque nous manquons d’odorat, le goût s’altère et notre appétit aussi car il est beaucoup moins stimulé.

L’odorat et la mémoire

De part ce lien privilégié avec notre système limbique, l’odorat et les odeurs sont capables de raviver notre mémoire et les émotions liées à celle-ci. Nous connaissons tous la fameuse madeleine de Proust qui symbolise ce lien puissant entre ces 3 éléments. La science le démontre en partie aujourd’hui et une étude américaine de 2004, montre l’activité cérébrale reliant une odeur à un souvenir positif. Notre mémoire des odeurs est incroyablement précise et ancienne, ce qui explique pourquoi, certaines odeurs peuvent rapidement nous replonger dans nos souvenirs ou une émotion.

Un stimulant de notre système neuroendocrinien

Toujours grâce à cette relation directe avec le système limbique, certaines odeurs peuvent participer à la production d’hormones ou de neurotransmetteurs, en fonction de l’état émotionnel qu’elles provoquent, comme par exemple, l’adrénaline, la dopamine ou même la sérotonine.

L’olfactologie, une nouvelle approche thérapeutique ?

Les odeurs sont de plus en plus utilisées dans différents cadres thérapeutiques ou de bien-être. C’est ainsi qu’elles peuvent être proposées pour stimuler la mémoire de personnes souffrants d’un traumatisme crânien ou même de la maladie d’Alzheimer.

Les odeurs sont largement utilisées pour apaiser le mental et permettre de baisser le niveau de stress. La vanille, par exemple, est souvent diffusée dans les maternités pour calmer les bébés. Nous pouvons aussi les utiliser dans un but de libération émotionnelle, une odeur pouvant nous ramener à un souvenir traumatique pour mieux s’en dégager.

L’odorat a de beaux jours devant lui et il reste encore beaucoup à comprendre pour en saisir toutes ses implications. C’est le moment d’aller humer l’air et (re)découvrir consciemment les multiples odeurs qui vous entourent. A vous de trouver celles qui vous conviennent le mieux.

Judith Lionnet, naturopathe formée à Isupnat – Formation Praticien Naturopathe  

Sources

https://www.xn--olf-lma.com/olfactologie

https://aromaquantisme.com/olfactologie/

https://www.medisite.fr/sante-au-quotidien-les-7-pouvoirs-des-odeurs.5655696.112.html

https://lejournal.cnrs.fr/billets/de-la-necessite-et-du-plaisir-davoir-un-bon-nez

Le fil d’Ariane des Parfums de Docteur Jean Prado, éditions du Trigramme

https://www.harmonie-sante.fr/sante-soins/maladies-traitements/olfactologie-therapie-qui-utilise-memoire-du-nez

https://www.herbes-et-traditions.fr/blog/post/l-olfactotherapie-quand-la-gestion-de-nos-emotions-passe-par-l-odorat-.html

https://www.essentielles-en-provence.com/bien-etre/lolfactologie-une-nouvelle-therapie-a-la-mode

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